Guide Pratique - Choisir la structure juridique au Québec
- Sarah Leduc
- 23 oct.
- 6 min de lecture
Le choix de la forme juridique est déterminant pour la responsabilité, la fiscalité, la gouvernance et la capacité de financement de votre entreprise. Ce guide stratégique en 7 étapes vous aide à comparer les options disponibles au Québec et à sélectionner celle qui correspond le mieux à vos ambitions et contraintes.
1. Clarifiez votre projet et vos priorités
Choisir la structure juridique de son entreprise au Québec est une décision stratégique qui influence votre responsabilité, votre fiscalité, vos obligations administratives et votre capacité à évoluer. Avant tout, il faut prendre le temps de clarifier vos besoins et priorités : déterminez le niveau de responsabilité personnelle que vous êtes prêt à assumer, le régime fiscal qui vous paraît le plus avantageux et le degré de flexibilité de gestion dont vous aurez besoin. Évaluez également vos perspectives de financement, car certaines formes juridiques facilitent l’accueil d’investisseurs ou de nouveaux associés, tandis que d’autres conviennent mieux à un projet en solo. Cette réflexion initiale constitue votre grille de critères pour comparer ensuite les différentes structures possibles.
Avant tout, identifiez clairement :
Le niveau de responsabilité personnelle que vous tolérez
Le régime fiscal souhaité (impôt sur le revenu ou sur les sociétés)
Le degré de contrôle et de flexibilité dans la gestion
Les possibilités de lever des fonds ou d’accueillir des associés
Le budget et les coûts de création/gestion
Ces critères formeront votre grille de sélection.
2. Présentez les principales formes juridiques
Au Québec, l’entreprise individuelle (travailleur autonome) permet un démarrage simple, sans création d’entité distincte, mais engage votre patrimoine personnel de façon illimitée. En parallèle, la société par actions représente une entité légale à part entière, limite la responsabilité aux apports et offre un régime d’imposition au niveau des sociétés, mais impose des formalités plus lourdes. La société en nom collectif, pour sa part, convient à deux associés ou plus, envisage une responsabilité solidaire et s’impose directement au titre du revenu personnel de chacun. Vous pouvez aussi envisager la société en commandite, qui dissocie les commandités (responsables et gestionnaires) des commanditaires (investisseurs passifs), ou encore la coopérative et l’organisme à but non lucratif pour des projets à vocation sociale ou communautaire.
Ainsi, au Québec, les structures juridiques les plus courantes sont :
Entreprise individuelle (travailleur autonome)Exploitation par une seule personne sans entité distincte. Responsabilité illimitée et imposition personnelle.
Société par actions (compagnie incorporée)Personne morale distincte, responsabilité limitée aux apports, imposition au taux des sociétés, formalités d’incorporation et tenue de registres annuels.
Société en nom collectif (S.E.N.C.)Association de deux personnes ou plus, responsabilité solidaire des associés, imposition personnelle selon la part de chacun.
Société en commandite (S.E.C.)Deux catégories d’associés : commandités (gestion, responsabilité illimitée) et commanditaires (apporteurs de capital, responsabilité limitée).
CoopérativePersonne morale détenue et gérée démocratiquement par ses membres, responsabilité limitée, buts économiques ou sociaux.
Organisme à but non lucratif (OBNL)Personne morale sans partage des bénéfices, vocation sociale, culturelle ou philanthropique.
3. Comparez les attributs clés
Comparer ces structures revient à analyser plusieurs attributs clés : l’existence d’une personne morale distincte, le degré de responsabilité pour les fondateurs, les modalités d’imposition, le niveau de formalités à accomplir et les modes de financement envisageables. Par exemple, l’entreprise individuelle ne requiert qu’une déclaration au registre des entreprises dès que le revenu dépasse 30 000 $, tandis que la société par actions exige la rédaction de statuts, l’immatriculation et la tenue de registres annuels. Chaque option comporte des avantages et des inconvénients qu’il vous faut peser selon l’ampleur de votre projet et la complexité administrative dont vous souhaitez vous décharger.
Structure | Entité distincte | Responsabilité | Fiscalité | Formalités | Financement |
Entreprise individuelle | Non | Illimitée | Revenu personnel | Simple, pas d’immatriculation** | Autofinancement |
Société par actions | Oui | Limitée aux apports | Impôt sur les sociétés (IS) | Incorporation, registres annuels | Actions, prêts bancaires |
Société en nom collectif | Non | Solidaire et illimitée | Impôt personnel selon quote-part | Contrat de société, immatriculation | Autofinancement, prêts |
Société en commandite | Oui | Illimitée (commandités) / limitée (commanditaires) | Mixte : IS ou revenu perso selon rôle | Contrat de société, immatriculation | Capital commanditaires |
Coopérative | Oui | Limitée aux parts souscrites | IS ou revenu perso selon opérations | Statuts coopératifs, immatriculation | Parts sociales, subventions |
OBNL | Oui | Limitée (pas de capital-actions) | Exonération possible pour buts non lucratifs | Déclaration de constitution | Cotisations, dons |
**Pas d’immatriculation si nom propre et revenus < 30 000 $.
4. Simulez l’impact fiscal et social
Pour affiner votre décision, réalisez des simulations fiscales et sociales chiffrées. À l’aide d’un tableur ou de l’aide d’un comptable, comparez les cotisations sociales (RRQ, RREGOP, assurances), les taux d’imposition effectifs sur le bénéfice estimé et le revenu net que vous percevrez après charges. Intégrez également les coûts de création (notaire ou avocat, frais de greffe, publication légale) et de gestion annuelle (expert-comptable, frais de renouvellement). Ces données concrètes vous permettront de mesurer l’impact financier de chaque forme juridique et d’anticiper votre trésorerie.
À l’aide d’outils ou d’un tableur, comparez pour chaque structure :
Montant des cotisations sociales (RREGOP, RRQ, assurances)
Taux d’imposition effectif selon le bénéfice/profit estimé
Revenu net après charges pour l’entrepreneur
Coûts administratifs (comptable, greffe, publication légale)
Ces simulations révèlent la rentabilité et les économies d’impôt potentielles.
5. Anticipez l’évolution de votre entreprise
La structure juridique doit accompagner l’évolution de votre entreprise. Si vous démarrez seul sans chiffre d’affaires important, l’entreprise individuelle ou la S.E.N.C. peuvent suffire. En revanche, si votre ambition est de faire entrer des investisseurs ou d’étendre votre capital, la société par actions offrira un cadre plus adapté pour la cession de parts et la gouvernance partagée. Pour un projet à vocation collective ou solidaire, la coopérative ou l’OBNL vous donneront un mode de fonctionnement démocratique, reposant sur la participation active de vos membres.
Pensez long terme :
En solo et sans gros chiffre d’affaires, l’entreprise individuelle ou la S.E.N.C. conviennent.
Pour accueillir investisseurs ou associer de nouveaux actionnaires, privilégiez la société par actions.
Si votre projet revêt une dimension sociale ou communautaire, optez pour la coopérative ou l’OBNL.
La flexibilité de gouvernance et la facilité de cession de parts sont essentielles selon votre croissance prévue.
6. Consultez des professionnels et formalisez
Avant de finaliser votre choix, il est essentiel de consulter des professionnels. Un avocat ou un notaire saura rédiger des statuts ou conventions sur mesure, incluant les clauses de gouvernance et de sortie, tandis qu’un comptable agréé validera vos projections fiscales et sociales. Ensemble, ils sécuriseront juridiquement et financièrement votre structure, en anticipant les conflits potentiels et en adaptant le cadre légal à votre stratégie de développement. Leur expertise vous évite des erreurs coûteuses et vous offre une vision claire des obligations à venir.
Avant de vous décider :
Rencontrez un avocat (ou notaire) pour valider la rédaction des statuts ou du contrat de société.
Faites établir des simulations par un comptable agréé, incluant les impacts fiscaux et sociaux.
Préparez vos documents (statuts, convention d’actionnaires, règlements intérieurs) sur mesure.
Cette démarche sécurise vos choix et anticipe les conflits futurs.
7. Enregistrez et gérez votre entreprise
Enfin, une fois la structure retenue, procédez à l’immatriculation auprès du Registraire des entreprises du Québec pour obtenir votre numéro d’entreprise (NEQ). Publiez les actes constitutifs si nécessaire, déposez vos statuts ou votre déclaration de constitution, et assurez-vous de tenir à jour vos registres (minutes, actionnaires, assemblées annuelles). Cette rigueur administrative garantit la conformité de votre entreprise et vous protège en cas de contrôle ou de litige. Vous voilà prêt à démarrer, avec une base juridique solide, pour construire et faire croître votre projet au Québec
Une fois la structure déterminée :
Déposez votre déclaration d’immatriculation auprès du Registraire des entreprises du Québec (REQ) pour obtenir votre NEQ.
Publiez les actes constitutifs et les mises à jour annuelles ou courantes selon la forme choisie.
Mettez en place un suivi rigoureux (livre des minutes, registres d’actionnaires ou d’associés).
Respecter ces formalités garantit la conformité et la pérennité de votre structure.
En appliquant ce guide stratégique, vous sélectionnez une structure juridique adaptée à votre profil, à votre domaine d’activité et à vos objectifs de croissance.
Checklist : Choisir la structure juridique au Québec
Voici une liste de vérification pour vous assurer de couvrir toutes les étapes essentielles avant de retenir la forme juridique de votre entreprise.
[ ] Clarifier le projet et vos priorités
Identifier le niveau de responsabilité personnelle souhaité
Définir le régime fiscal privilégié (impôt personnel vs impôt des sociétés)
Préciser le degré de flexibilité de gouvernance et l’accueil de futurs associés
Estimer le budget de création et de gestion administrative
[ ] Lister et comparer les structures disponibles
Entreprise individuelle (travailleur autonome)
Société par actions (compagnie incorporée)
Société en nom collectif (SENC)
Société en commandite (SEC)
Coopérative
Organisme à but non lucratif (OBNL)
[ ] Comparer les attributs clés
Entité distincte ou non (personne morale)
Responsabilité des fondateurs (illimitée, limitée aux apports, solidaire)
Modalités d’imposition (taux et assiette)
Formalités de création (immatriculation, statuts, registres)
Modes de financement possibles (actions, parts sociales, subventions)
[ ] Réaliser des simulations financières et sociales
Estimer les cotisations sociales (RRQ, RREGOP, assurances)
Calculer l’impôt effectif selon différents niveaux de bénéfice
Chiffrer les coûts de création (frais de notaire/avocat, publication légale)
Prévoir les frais de gestion annuelle (comptable, renouvellement d’immatriculation)
[ ] Anticiper l’évolution de l’entreprise
Déterminer si vous resterez seul ou si vous accueillerez des associés/investisseurs
Prévoir la cession ou le transfert de parts/actionnaires
Choisir une structure adaptable à une expansion géographique ou sectorielle
Vérifier la compatibilité avec des objectifs sociaux ou communautaires (coopérative, OBNL)
[ ] Consulter des professionnels
Rencontrer un avocat ou notaire pour la rédaction des statuts et conventions
Faire valider les simulations par un comptable agréé
Intégrer les clauses de gouvernance, de sortie et de répartition des pouvoirs
[ ] Formaliser et immatriculer
Déposer la déclaration d’immatriculation au Registraire des entreprises du Québec (obtenir le NEQ)
Publier les actes constitutifs et annonces légales si requis
Mettre en place les registres obligatoires (assemblées, actionnaires, minutes)
Planifier le suivi administratif et fiscal (déclarations, renouvellements)
Cochez chaque p





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